Ostéopathie, Chocs et Opérations
Nous devons bien comprendre que lors d’une agression extérieure, tout tissu vivant, tout être vivant met en place des systèmes de protection. Lorsque nous prenons un coup par exemple, le fascia et tout le système musculo-squelettique se densifient et se raccourcissent. Face à cette agression le tissu perd en mobilité et en capacité élastique, pour devenir plus épais et plus résistant.
Nous pouvons observer ceci dans notre comportement à plus grande échelle, lorsque nous subissons une agression volontaire ou accidentelle, nous avons instinctivement le reflexe de nous protéger en nous recroquevillant sur nous-mêmes, ainsi de la même manière nous nous raccourcissons et nous nous épaississons pour devenir plus résistant. Nous pouvons observer ce comportement de manière universelle et commun au vivant. Ce comportement et donc logique, efficace et d’une mémoire lointaine. Nos cellules baignent dans ce mode de fonctionnement et de réponse face à une agression.
Si nous transposons ceci à l’humain moderne, nous pouvons donc observer ce fonctionnement dans tous les traumatismes que nous pouvons subir (accidents de voiture ou moto, chutes, chocs sur la tête, entorses, fractures, opérations etc. Toutes ces situations vont engendrer une réponse qui n’a pour seule et unique but : notre survie. C’est un système d’urgence face à une agression imprévue, momentanée, brutale et rapide. Nous verrons qu’une opération n’a rien de rapide, de momentanée ou imprévue et, est parfois programmée longtemps à l’avance. L’agression est toute de même très brutale pour le tissu.
Physiologie du choc et de l’accident à haute vitesse
Que se passe t-il ?
Nous sommes en voiture et de manière brutale nous subissons un choc. Nous sommes en train de courir et de manière brutale nous glissons et chutons fortement sur le genou ou les fesses. Nous traversons un chantier et soudainement nous marchons sur un râteau qui tape violemment notre joue etc.
Ces situations ont en commun deux éléments : la vitesse et l’arrêt brutal. En effet, soit notre corps est projeté à haute vitesse contre un objet dense, le plus souvent, et à l’arrêt. Soit nous subissons un choc d’un objet à haute vitesse qui s’arrête brutalement contre notre tissu.
Toute matière possède des propriétés de résistance, si l’énergie d’un choc est trop violente la matière se rompt. Le tissu vivant possède lui aussi une résistance propre à chacun. Pour emmagasiner l’énergie d’un choc, le tissu va se raccourcir et s’épaissir, si l’énergie et trop importante, le tissu rompra également c’est la fracture, la déchirure.
Une fois l’accident ou l’agression terminés, le tissu ayant subit le choc, qui est raccourci, va engendrer des adaptations locales, locorégionales et générales. Le tissu raccourci et épaissi perd en mobilité et en élasticité, le tissu périphérique sain va donc compenser ces restrictions en modifiant la posture et l’organisation des tensions du corps pour garder notre verticalité, l’horizontalité de notre regard, pour continuer le plus important, la survie de l’individu et donc de l’espèce.
Physiologie de l’opération
Une opération quelle soit programmée ou d’urgence, reste très traumatisante. En effet, lors de celle-ci nous coupons du tissus vivant, l’écartons, enlevons des organes, faisons des sutures.
Tous ceci n’est pas très naturel, et bien qu’elles s’avèrent d’une nécessité remarquable dans certain cas, le tissu subi cette agression et mettra en place des compensations. Pour combler la perte de substance due à une rupture de continuité (coupure), le tissu va combler le vide de manière urgente et chaotique. Il ne sait malheureusement reproduire l’univers organisé et la physiologie originelle des fibres de tissu conjonctif. Il en résulte « la cicatrice », un tissu chaotique, peu élastique, fibreux, de capacité adaptative faible. Ce tissu va complètement réorganiser le schéma postural, et davantage si il se situe dans l’abdomen, car c’est un lieu très riche en fascias, ligaments et organes. C’est un lieu qui doit normalement être très mobile. Une perturbation à ce niveau retentira sur la posture, la digestion et donc sur l’état général.
Il est très conseillé de pratiquer des automassages indolores mobilisant les régions cicatricielles pour redonner de la mobilité et stimuler la circulation lymphatique et veineuse, ainsi que les échanges cellulaires.
Conclusion
Nous l’avons vu, dans tout type de traumatisme, le tissu est désorganisé et entrainera des compensations générales. Ces compensations, s’accumuleront lors de notre vie, se mêlerons à nos changements internes et externes, jusqu’à décompenser en « chronicité algique », en douleur, en mal être dans notre lieu de vie, notre corps.
Le plus important est de considérer notre corps comme une partie intégrante de nous-mêmes, comme une unité psycho-somato-émotionnelle, et possédant une intelligence, une ingéniosité que nous ne contrôlons pas consciemment, que nous ne comprenons pas totalement. Toutes ces adaptations, les cicatrisations sont le fruit de la vie qui œuvre en nous. Elle est une intelligence résultant de million d’année d’évolution et d’adaptation. Nous pouvons cependant l’aider consciemment en lui redonnant de la mobilité à l’endroit lésé et meurtri. Une zone de notre corps ralenti dans ses échanges avec nous-mêmes, une zone qui a besoin d’écoute, qui a besoin d’être libérée par un touché neutre et bienveillant.
Je tiens à évoquer l’importance du contexte de survenue d’un traumatisme. Lors d’une opération, d’un accident, d’une agression etc. Le contexte émotionnel et à comprendre et à extérioriser. La peur, la colère seront associés à la zone du corps blessé et participerons à fixer davantage cette zone.
Nous sommes un tout indissociable, une unité de vie. Notre univers conscient n’est qu’une partie de ce tout. Ecoutons les messages du corps, affinons notre diagnostique de nous-mêmes. Responsabilisons-nous face à nos douleurs. Les douleurs sont une décompensation dues à un déséquilibre local ou général, elles sont nos messages, notre alerte. Écoutons-les et comprenons-les …
Boris Bervelt (Ostéopathe D.O.)